«C'est le temps idéal pour faire l'achat d'une maison, assure Pierre Coté, courtier hypothécaire chez Hypothéca. Historiquement, je n'ai jamais vu meilleur moment. Les taux n'ont pas été aussi bas depuis 1935.»
Depuis quelques jours, le téléphone ne dérougit pas dans les bureaux de nombreux prêteurs hypothécaires. Même si, au dire de M. Côté, le nombre de nouveaux acheteurs est nettement en recul en comparaison de l'an passé, les prêteurs hypothécaires ont rarement été si en demande.
«C'est toujours très occupé de mars à juin, indique Mélanie Descarreaux, courtière chez Multi-Prêts hypothèque de Granby. C'est vraiment la grosse période pour l'achat d'une maison ou le renouvellement d'une hypothèque. Mais cette année, on a une clientèle bien différente. Je n'ai jamais eu autant d'appels de gens qui désirent casser leur contrat pour bénéficier des nouveaux taux. C'est du jamais-vu.»
Du cas par cas
Bien entendu, les courtiers hypothécaires n'invitent pas tout le monde à casser leur contrat pour profiter de la vague, mais ils leur proposent tout de même de faire les calculs nécessaires et de s'informer auprès d'un conseiller financier.
«C'est du cas par cas. Il faut savoir qu'il y a des pénalités assez importantes à payer quand on ferme une hypothèque avant terme, prévient Mme Descarreaux. Mais, dans plu-sieurs cas, ça peut valoir la peine de la payer. Il faut juste prendre le temps d'évaluer tous les scénarios possibles.»
Pierre Côté va même plus loin.
«Je ne dirais pas que les gens qui cassent leur contrat vont payer une pénalité, soutient-il. C'est sûr qu'ils devront débourser un certain montant à leur prêteur actuel, mais les économies qu'ils réaliseront en vaudront amplement la peine. Comme je dis à mes client, ils perdraient encore plus d'argent en conservant leur taux actuel.»
Le courtier d'Hypothéca est même convaincu que, pour bien des gens, l'économie sera plus que profitable.
«Il y a bien des gens qui, s'ils conservent la même mensualité, vont sauver cinq, six ou même sept ans d'hypothèque. Ce n'est pas rien», fait-il valoir.
Et dans le cas de gens souhaitant alléger leur fardeau financier, le renouvellement de leur contrat hypothécaire à si bon taux leur permettra de réduire considérablement leurs mensualités.
Nouveaux acheteurs réticents
Même si les taux sont alléchants, les mauvaises nouvelles économiques et l'ombre de la récession refroidissent en ce moment les ardeurs des acheteurs d'une première maison.
«Les gens ont peur, c'est vrai, concède Pierre Côté. Mais les taux valent vraiment la peine en ce moment. Et pour la première fois depuis plusieurs années, le marché a retrouvé un certain équilibre. Ce ne sont plus les vendeurs qui ont le gros bout du bâton.»
Il prévient toutefois les gens que les banques et les institutions financières qui prêtent l'argent, on resserré leurs exigences et examinent les dossiers des emprunteurs avec plus de scrupule.
«Les conditions pour accéder à un prêt hypothécaire sont les mêmes qu'avant, mais les prêteurs sont beaucoup plus rigoureux dans le choix de leurs clients.»
Mais des taux d'intérêts à 4 %, ça ne durera pas éternellement, même si, de l'avis de Pierre Côté, la situation devrait se maintenir jusqu'en mai.
«C'est la grosse période des hypothèques, dit-il. À ce temps-ci de l'année, les banques se concurrencent entre elles et n'ont pas le choix de baisser leurs taux pour attirer la clientèle. À partir de juin, le marché est pas mal moins actif. Si j'ai un conseil à donner: renouvelez maintenant et gelez votre taux pour cinq ans ferme. Vous ferez une très bonne affaire.»