La soeur de Mario Bernier, Lucie, est en colère. «Quelqu'un peut mourir comme ça, sans que l'on puisse savoir quoi que ce soit!» Mme Bernier affirme avoir téléphoné à de nombreuses reprises au ministère de la Santé et des Services sociaux. «Ça fait quatre, cinq fois que j'appelle pour savoir pourquoi il y a eu ce délai de 27 minutes de l'ambulance. Mais c'est le bordel total. Ils ne m'ont jamais rappelée», déplore Mme Bernier.
Pourtant, moins de deux semaines après le décès de M. Bernier, survenu à St-Césaire le 6 janvier dernier, le directeur des services préhospitaliers d'urgence pour la province, le Dr Daniel Lefrançois, avait demandé à l'Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie (ASSSM), responsable d'offrir les services sur le territoire, d'évaluer certains points parce qu'il constatait qu'il y avait eu des manquements. «J'ai parlé à l'Agence aujourd'hui pour faire une évaluation en détail», avait-il déclaré en entrevue le 13 janvier. «Parce qu'il y a des éléments sur lesquels je me pose des questions comme directeur», avait-il dit, ajoutant qu'il aurait plus d'informations dans les deux semaines suivantes.
Malgré les mulitiples appels de La Voix de l'Est au cours des derniers mois, il n'a pas été possible de parler au Dr Lefrançois. Une porte-parole du Ministère, Pascale Breton, a toutefois indiqué que «le Dr Lefrançois a regardé le rapport de l'intervention» au sujet de Mario Bernier rédigé par le directeur des services préhospitaliers d'urgence pour la Montérégie, le Dr Dave Ross. Ce dernier «a rencontré les individus concernés, dont les ambulanciers et la centrale 911», poursuit Mme Breton. «Il a rectifié ce qui devait l'être», a-t-elle terminé, indiquant qu'il faudrait s'adresser à l'ASSSM pour en savoir plus.
Or, il n'est pas possible de savoir quelles sont ces rectifications, l'ASSSM n'a pu donner suite à notre demande d'entrevue, hier.
Lucie Bernier n'a jamais eu écho de ce rapport. «Si c'était arrivé au frère du premier ministre, pensez-vous que ça se passerait comme ça?», demande-t-elle. «C'est de l'injustice totale!»
La famille ne comprend toujours pas pourquoi l'ambulance a mis 27 minutes à arriver. Mario Bernier était seul lorsqu'il a contacté la centrale 911. «Je fais juste me l'imaginer au bout de la ligne en attendant que quelqu'un vienne à son secours. Mon frère s'est vu mourir!»
Elle ne comprend pas non plus pourquoi c'est Ambulance Farnham qui s'est rendue au domicile de son frère à St-Césaire, alors que c'est Ambulance Demers, de Marieville, qui a le mandat de desservir cette ville. «Je n'ai plus de nouvelles des responsables de la compagnie d'ambulance de Farnham» dit-elle.
Quelques réponses
Chez Ambulance Farnham, on en sait un peu plus sur cette intervention. «On (l'Agence de la Montérégie) nous a prouvé que c'était notre ambulance qui était la plus proche au moment de l'appel 911», indique le répartiteur, Pascal Lapointe. «Mais ils nous ont blâmés pour le 11 minutes que ça a pris aux ambulanciers pour partir. Ils considèrent que ça devait leur prendre cinq minutes. Nos ambulanciers sont de faction la nuit. Ils dormaient chez eux quand l'appel est rentré.» M. Lapointe a aussi indiqué que les ambulanciers ne connaissaient pas le secteur où habitait M. Bernier. «Ils ont entré des données dans le GPS, mais ils ne trouvaient pas la rue, qui ne porte pas le même nom à St-Césaire qu'à Farnham. Le temps de fouiller ça, ça a occasionné des délais.»
Recours collectif
Las d'attendre des réponses, la famille Bernier a entrepris des démarches. «On a rencontré un avocat pour démêler tout ça. On pense à entreprendre un recours collectif, indique Chantal Bernier, parce qu'on n'est pas les seuls à qui ça arrive et on ne veut plus que ça se reproduise.»
Une enquête du coroner est également en cours pour déterminer les circonstances du décès. Le rapport devrait être terminé dans cinq à sept mois.