Il plaide la légitime défense

Alain Boucher est accusé de voies de fait causant des lésions corporelles et d'agression armée sur son frère. Les événements reprochés au Granbyen se seraient déroulés en août 2007.

Accusé d'agression armée et de voies de fait causant des lésions corporelles à son frère, Alain Boucher a plaidé la légitime défense, hier, lors de son procès, au palais de justice de Granby. La victime, Roger Boucher, soutient pour sa part avoir été attaquée.


Les frères étaient déjà en mauvais termes plusieurs mois avant les événements de la soirée du 5 août 2007. Lorsqu'ils se croisaient, ils s'engueulaient, ont-ils avoué devant le tribunal.

 



Roger Boucher a raconté s'être rendu devant le 1180 de la rue Simonds Sud, à Granby, pour livrer une pinte de lait à une amie. Il se trouvait avec son neveu, David Pomerleau et deux autres individus.

«En arrivant, j'ai vu Alain sortir de la cour. Il était dans son véhicule, a rappelé M. Boucher. Il a fait un u-turn sur la rue Simonds et il est rentré dans la cour.»

Alain Boucher se serait ensuite mis à l'engueuler en lui disant «si t'as un problème, viens le régler». La présumée victime a raconté s'être dirigée vers lui et l'avoir aperçu avec un morceau de bois, un 2x4, dans les mains. Au moment où Roger Boucher lui faisait dos, son frère lui aurait assené deux coups.

Roger Boucher a confié avoir alors été en possession d'un couteau, mais soutient ne jamais l'avoir sorti de ses poches. Son neveu l'a toutefois contredit sur ce point témoignant qu'il l'avait exhibé lorsqu'il se chicanait avec son frère.



La victime dit avoir ensuite eu des blancs de mémoire. Questionné par l'avocat de l'accusé, Me Gerson Foisy Jr sur ses pertes de mémoire, il a expliqué que son cerveau n'avait pas tout enregistré, en le comparant au disque dur d'un ordinateur.

En fait, l'homme âgé de 43 ans a dit ne plus se souvenir d'avoir rencontré les policiers le lendemain des événements, ni même d'avoir rempli une déclaration.

Roger Boucher a été hospitalisé pour soigner six lacérations provoquées par une arme blanche, mais ne se rappelle pas avoir été poignardé. «Je me souviens que je tenais Alain et qu'il m'a dit «tu me lâches ou je te poignarde»», a-t-il précisé au tribunal.

Une résidante de l'immeuble à logements où s'est déroulée l'agression a raconté au juge Pierre Bachand avoir vu Alain Boucher assener des coups de couteau à son frère.

Légitime défense

L'accusé a offert une version bien différente au magistrat, soit celle de la légitime défense. Alors qu'il était couché, Alain Boucher aurait entendu un bruit provenant du bois situé derrière son logement.



En sortant du lit, il aurait aperçu deux hommes près de sa jeep. Il s'est précipité à l'extérieur et les a vus s'enfuir. Alain Boucher dit avoir reconnu l'un d'eux. Il s'agissait de son neveu, David Pomerleau.

Il aurait alors voulu se lancer à la recherche du deuxième individu, pour «savoir c'était qui et le dire aux policiers».

Après avoir fait une tournée à bord de sa jeep, il affirme avoir vu M. Pomerleau près de la camionnette de son frère Roger. Celle-ci était stationnée près de son immeuble à logements. «J'ai vu mon frère au volant et il m'a fait un doigt d'honneur. Je lui ai fait la même chose et j'ai stationné mon véhicule dans le stationnement.»

Alain Boucher a ensuite décidé de ranger dans son cabanon les outils qui se trouvaient dans son véhicule. «Je suis embarqué dans la jeep et j'ai entendu du bruit et des gens qui parlaient fort», a-t-il raconté.

À ce moment, il a réalisé que son frère Roger se trouvait près de lui, un couteau à la main. Son neveu, lui, n'était pas très loin et était aussi armé. Alain Boucher a alors décidé de désarmer son frère en utilisant un morceau de bois, «un 2x3».

«Je l'ai frappé sur son épaule pour faire tomber son couteau. Le couteau est tombé à terre, a-t-il expliqué. Mon intention était de prendre un coton ouaté dans mon véhicule pour prendre le couteau parce qu'il avait ses empreintes. Je pourrais prouver qu'il a voulu m'attaquer», a-t-il poursuivi.

Toutefois, son frère se serait dirigé de nouveau vers lui. Alain Boucher l'aurait frappé une seconde fois. Ensuite, Roger se serait jeté sur lui et l'aurait couché au sol.

«Il avait son bras gauche sur ma gorge, a illustré l'accusé. Je n'étais pas capable de crier. Il me frappait la tête par terre.» Après un certain temps, il a réussi à se relever et se rendre chez lui.



Questionné par la représentante de la Couronne, Me Annick Arbour, au sujet des lacérations que présente le corps de sa présumée victime, l'accusé a dit ne pas se souvenir de l'avoir poignardée.

Le juge Pierre Bachand rendra son verdict demain.