Une centaine de raëliens manifestent

L'employé qui a été congédié, Jean-François Bergeron et le porte-parole du Mouvement raëlien au Québec, Daniel Chabot, se sont entretenus avec les médias, hier matin, lors de la manifestation.

Une centaine de raëliens ont manifesté contre le congédiement d'un des leurs devant l'usine Transformateur Delta de Granby, tôt hier matin. Jean-François Bergeron, l'employé en question, se dit victime de «discrimination».


Dès 6h30, les adeptes venus de Québec, Montréal et Sherbrooke faisaient les cent pas devant l'usine du parc industriel, en brandissant des pancartes. On pouvait notamment y lire «Un raëlien congédié! Patron et syndicat complices!» ou encore, «Odieux! Discriminatoire! Abus!».

 



Les raëliens ont aussi distribué des dépliants aux employés pour dénoncer le congédiement de leur collègue de travail et leur demander de témoigner leur «indignation» à leur syndicat et à leur employeur.

«Ce qu'on a fait avec Jean-François est complètement odieux, estime Marc Rivard, président du Mouvement raëlien au Canada. Jean-François ne fait qu'appliquer son droit à la liberté d'expression.»

«Est-ce que c'est normal dans une société développée d'avoir de la discrimination? Je pense que c'est un devoir d'être ici aujourd'hui (hier). Et qui sait demain ce sera qui? Il faut que ça arrête», a affirmé Steve Leboeuf, responsable des jeunes au sein du Mouvement raëlien au Canada.

«Toutes les minorités religieuses ont le droit d'être ce qu'elles sont et de croire en leurs convictions. C'est un droit fondamental et c'est pour cette raison qu'on est là aujourd'hui», a renchéri Sylvie Chabot, une raëlienne.



«Fondamentalement, il y a un principe qui est violé. C'est la liberté d'expression d'un individu qui décide de porter un t-shirt et puis, le monsieur en question perd son travail», a indiqué Daniel Chabot, le porte-parole du Mouvement raëlien au Québec.

»Un gilet»

Rappelons que Jean-François Bergeron, un mécanicien à l'emploi de Transformateur Delta depuis cinq ans, a été congédié le 26 janvier. M. Chabot a permis à La Voix de l'Est de lire la lettre adressée au travailleur par l'entreprise.

On y apprend que «le 21 janvier 2009, au retour d'une suspension, vous avez décidé de reporter un gilet qui vous avait été interdit de nombreuses fois dont la dernière, moins de deux jours auparavant».

Un peu plus loin: «comme vous mentionnez vouloir reporter un vêtement qui ne correspond pas à notre code vestimentaire, nous nous voyons dans l'obligation de mettre fin au lien d'emploi qui nous unissait».

Malgré la présentation de ces informations, l'entreprise persiste et signe. Elle refuse de parler des deux t-shirts. «L'entreprise a pris une mesure disciplinaire et ça s'est fait dans les règles de l'art et monsieur a fait ses choix», a réitéré Charles Picotte, directeur financier et des ressources humaines chez Transformateur Delta.



L'entreprise a refusé de commenter la présence des raëliens devant l'usine. Elle a toutefois tenu à préciser que la religion de l'employé n'avait rien à voir avec son congédiement.

«Certains prétendent que ça a un rapport avec sa religion, ce qui n'est pas le cas. Transformateur Delta est une entreprise correcte. On a des gens de plusieurs nationalités qui travaillent ici», a ajouté M. Picotte.

Soutien

Jean-François Bergeron a pris quelques minutes pour rencontrer quelques-uns de ses anciens collègues de travail, hier matin. «Y'en a qui sont avec moi», a-t-il lancé à Daniel Chabot. «Ce que je trouve le fun, c'est que je me sens appuyé», a-t-il ajouté en entrevue avec La Voix de l'Est.

Le travailleur a dit avoir été averti à quelques reprises par son employeur de ne plus porter ses t-shirts, ce qu'il a toujours refusé. Sur l'un d'eux, on pouvait lire «Dieu n'existe pas» et le second affichait un visage d'extraterrestre avec la mention «Voici le vrai visage de Dieu».

«J'ai dit que c'est juste un t-shirt, que je ne provoque rien. Ils m'ont dit que je devais l'enlever, que je ne pouvais pas travailler avec, a-t-il raconté. Je leur ai toujours dit que c'était de la discrimination.»

Jean-François Bergeron affirme qu'il portait ses t-shirts depuis cinq ans. Les problèmes ont commencé en 2007, après que deux employés se sont plaints, dit-il.

Par la suite, plusieurs démarches ont été entreprises par l'employeur, dont des suspensions et finalement, son congédiement.



Syndicat

Le représentant du syndicat des Métallos, Guy Gaudette, a précisé avoir offert à Jean-François Bergeron de le représenter dans l'espoir qu'il réintègre son emploi, sans son t-shirt. «Il n'y en est pas question. Je rentre avec mon t-shirt ou je ne rentre pas du tout», a fait savoir le travailleur.

Les relations entre M. Bergeron et son syndicat ne sont pas au mieux, faut-il dire.

Le syndicat a fait valoir, via un communiqué de presse émis mardi, que des griefs avaient été déposés précédemment pour la défense du travailleur. Toutefois, deux d'entre eux ont été retirés, en mai 2008.

Dans une lettre du syndicat adressée à Jean-François Bergeron, on peut lire que ce qui est en cause est que «vous faites la promotion de votre religion en offensant celle des autres».

M. Bergeron a ensuite poursuivi le syndicat devant la Commission des relations de travail alléguant ne pas avoir été défendu par lui. Il s'est finalement désisté parce qu'il lui manquait des «outils», a-t-il raconté.

À la suite du congédiement de l'employé de Transformateur Delta, le syndicat a déposé trois nouveaux griefs.