Congédié pour des t-shirts

C'est pour avoir porté un chandail comme celui-ci à répétition que Jean-François Bergeron a été congédié.

Parce qu'il a porté à répétition des t-shirts à l'effigie du Mouvement raëlien, le Granbyen Jean-François Bergeron a été congédié par son employeur, Transformateur Delta.


«C'est odieux. C'est inacceptable, déclare Daniel Chabot, porte-parole du Mouvement raëlien au Québec. On a congédié M. Bergeron parce qu'il portait un simple t-shirt. Ce qu'on a surtout fait, c'est brimer sa liberté d'expression.»

 



Selon M. Chabot, depuis 2007, Jean-François Bergeron a porté deux gaminets, l'un portant la mention «Dieu n'existe pas» et l'autre affichant un visage d'extra-terrestre et la mention «Voici le vrai visage de Dieu». Tous deux étaient ornés de l'adresse du site web du Mouvement raëlien.

À chaque fois que M. Bergeron s'est présenté au travail vêtu de ces pièces de vêtement, il a été averti de ne plus les porter. Malgré les nombreux avis et les sanctions qui ont suivi, dont des journées de suspension, M. Bergeron a continué de les porter.

«Il ne s'est pas laissé intimider. Il savait que, fondamentalement, il avait le droit de porter ces t-shirts», dit M. Chabot.

Code vestimentaire



Le 26 janvier dernier, la compagnie a finalement indiqué à M. Bergeron qu'il était congédié.

«Avoir porté un vêtement qui ne correspond pas au code vestimentaire de l'entreprise», voilà la raison qui est inscrite sur sa cessation d'emploi, dit M. Chabot. «C'est une usine. À part pour des vêtements de sécurité, il n'y a aucun code vestimentaire.»

La Voix de l'Est a tenté à plusieurs reprises hier d'entrer en contact avec la direction de Transformateur Delta, mais en vain. Impossible de s'entretenir avec le directeur financier et des ressources humaines, Charles-André Picotte.

Selon la Charte canadienne des droits et libertés, la liberté de religion constitue une liberté fondamentale.

Le syndicat muet

Ce qui soulève aussi l'ire du porte-parole du Mouvement raëlien, c'est que le congédiement de M. Bergeron ait reçu l'aval du syndicat des employés de Transformateur Delta.



«M. Bergeron était membre de ce syndicat et il payait ses cotisations syndicales. Il aurait dû recevoir l'appui de son syndicat et celui-ci aurait dû tout tenter pour le défendre, fait valoir M. Chabot. Ils ont plutôt appuyé la décision de l'employeur.»

Joint à son domicile, le président du syndicat des employés de Transformateur Delta, Louis-Philippe Pépin, a été peu loquace quant au rôle qu'il a joué dans cette histoire.

«Je préfère ne pas émettre de commentaire», a-t-il répondu lorsque questionné sur le sujet.

«Si M. Bergeron avait porté un turban ou un kirpan, il n'aurait jamais été congédié, renchérit M. Chabot. Ils ne se sont pas gênés pour agir ainsi parce que les raëliens sont un groupe minoritaire.»

Devant les tribunaux

Le Mouvement raëlien ne compte pas en rester là. Dès la semaine prochaine, une manifestation sera organisée devant l'usine de Transformateur Delta pour réclamer une volte-face de l'employeur.

M. Chabot craint toutefois que Transformateur Delta ne tente de réintégrer M. Bergeron en marchandant sa liberté d'expression.

«On ne reculera pas, dit-il. Il ne faut pas que M. Bergeron accepte de reprendre son emploi au prix de sa liberté d'expression et de ses croyances.»



Le Mouvement raelien entend d'ailleurs porter la cause devant les tribunaux.

«Et nous gagnerons, j'en suis convaincu, dit Daniel Chabot. S'il le faut, nous nous rendrons jusqu'en Cour suprême pour défendre la liberté d'expression de Jean-François Bergeron. Il y a de plus en plus de discrimination à l'égard des raëliens au Québec. Ce qui arrive à M. Bergeron, c'est une occasion pour nous de faire valoir nos droits.»

La Voix de l'Est a tenté de joindre Jean-François Bergeron en vain.