À la suite d'une formation de trois semaines en hypnothérapie aux États-Unis, la Dre Fiset a élaboré un programme que les couples peuvent suivre en quatre séances lors de la grossesse. Rien à voir avec les prestations spectaculaires des Messmer et compagnie. En somme, il s'agit d'enseigner aux femmes à atteindre un état de transe afin qu'elles puissent réussir à vivre les contractions les plus vives en douceur, tout en demeurant consciente. «On leur montre à transcender l'esprit conscient qui leur dit qu'accoucher est douloureux, avec des techniques de relaxation profonde et d'imagerie mentale», explique Dre Fiset.
La médecin a présenté une vidéo de l'accouchement d'une femme pratiquant l'autohypnose et qu'elle a assistée à l'hôpital Anna-Laberge de Châteauguay. «Vous voyez, là, elle a une contraction expulsive et elle ne crie pas, elle ne bouge pas. Spontanément, elle se met à pousser et, moi, je ne fais absolument rien. Puis, quand sa contraction est finie, elle ouvre les yeux.»
Dre Fiset a assisté près de 250 femmes accouchant sous autohypnose à cet hôpital. Selon ses observations, un peu plus d'une femme sur 10 réussit à ne sentir aucune douleur lors de l'accouchement, sept sur dix en ressent, mais vit tout de même un accouchement «très confortable», et les autres «se désistent au moment de l'accouchement et optent pour une épidurale», dit le médecin, qui affirme s'être récemment fait changer cinq plombages avec pour seul analgésique l'autohypnose.
Pas de regret
Julie Gravel et son conjoint, Rémy Allard, de Granby, ont payé les 225 $ taxables que coûtent les cours d'autohypnose offerts au centre Bébé Santé de Granby. Ils ne le regrettent pas. «Ça m'a permis de réduire les douleurs et de garder le contrôle, surtout vers la fin, où ça devient très douloureux», affirme la nouvelle maman, qui a accouché à l'hôpital de Cowansville le 6 janvier. Elle n'a toutefois pas atteint l'état de transe, en partie parce que la naissance a dû être provoquée. «J'étais en relaxation profonde, mais pas en hypnose. Je ne réussissais pas à le devenir. Le médicament branché dans mon bras m'empêchait d'être à l'aise.»
Elle arrivait par contre à s'autohypnotiser pour éliminer certaines douleurs lors de la grossesse. «Quand j'avais mal au ventre, je le faisais et ça marchait. Je réussissais à anesthésier ma douleur», raconte-t-elle, ajoutant que ça lui évitait de prendre des médicaments de type Tylénol. Elle a fait cet apprentissage pendant les cours. «C'est de la grande relaxation. C'est comme un panneau électrique que tu visualises et puis tu baisses la manette. Et ça marche. Ça m'a même fait un peu peur.» Son conjoint a aussi été surpris par son expérience lors des cours. «J'avais les bras tout engourdis, les doigts aussi. Ça diminue l'afflux sanguin.»
Le Collège des médecins du Québec reconnaît des mérites à la pratique, précisant toutefois que ce n'est pas l'unique façon de se détendre en accouchant. «L'autohypnose, c'est une méthode de relaxation comme les autres», affirme le président Yves Lamontagne. «Donc, quelle que soit la méthode, plus la femme est relaxée, plus elle peut contrôler son anxiété et ses contractions musculaires, et plus c'est facile d'accoucher. C'est pourquoi toute technique reconnue peut aider.»
Sur le plan éthique, est-il correct d'assister une femme sous hypnose, même s'il peut survenir des complications? «Je n'ai aucun problème avec ça, dit le Dr Lamontagne, parce que le médecin a juste à intervenir en parlant à la patiente.» «On n'est pas dans le coma ni dans le sommeil lorsqu'on est dans un état d'hypnose. C'est un croyance qui est fausse. La conscience est toujours là», précise le médecin, qui estime par ailleurs que ces techniques peuvent réduire le recours à l'épidurale.