Beaucoup de monde, peu d'achats

Le gérant de la boutique de jeux vidéos EBGames, Frédéric Robert, ne s'attendait pas à recevoir autant de clients.

La grogne des dernières semaines a cédé le pas à la résignation chez les employés des Galeries de Granby qui pour la première fois, hier, devaient entrer au travail le lendemain du jour de l'An. Et à voir le nombre de voitures entassées dans le stationnement du centre commercial en après-midi, l'appel au boycott lancé à la clientèle à quelques jours de Noël n'a visiblement pas été entendu.


À l'intérieur des Galeries, même constat: les clients sont là et en grand nombre.

«Tant mieux, lance Élie Rivard, gérante à la boutique Vincent d'Amérique. Ça passe pas mal plus vite quand il y a du monde et qu'on est occupés.»



 

Pour la jeune femme, qui décriait vivement la décision des Galeries de Granby d'ouvrir le 2 janvier à la suite de l'amendement de la Loi sur les heures d'ouverture adopté à la mi-décembre par Québec, l'heure n'est plus à la colère.

«Le patron de tous les Vincent d'Amérique nous a autorisés à ouvrir la boutique à 13h, dit-elle, et s'il n'y a pas trop de clients, on va peut-être fermer vers 17h30. Au moins, on n'a pas été obligés de rentrer ici à 9h30.»

Son collègue Raphaël Cantin s'attendait quant à lui à ce qu'il y ait autant de monde.



«Je savais qu'il y aurait des clients. Je savais aussi qu'on ne vendrait pas beaucoup. Depuis qu'on est ouverts, on a juste fait deux ventes et un remboursement. C'est pas beaucoup», déplore-t-il.

Peu d'achats

De toutes les boutiques qui se trouvent dans le centre commercial, seules quelques-unes ont défié la règle et sont demeurées fermées. Malgré l'achalandage dans le mail, les clients ne se bousculaient pas aux comptoir-caisses des magasins.

À la boutique de vêtement pour femmes Intuitions, Jeanne Coiteux attendait patiemment la visite de clients.

«Il y a beaucoup de monde dans la place, mais ils n'achètent rien. Les gens viennent se promener au centre d'achats, mais ils repartent les mains vides. C'est pas parce qu'on est ouverts qu'ils ont plus d'argent à dépenser», déplore-t-elle.

Malgré toute la colère qui l'habitait lors du passage de La Voix de l'Est, il y a deux semaines, Mme Coiteux est entrée au travail avec le sourire hier matin.



«Ce n'est pas aux clients de payer pour ça, fait-elle valoir. Ce n'est pas de leur faute. Ce n'est même pas la faute de la direction des Galeries.»

Un commerce a réussi à attirer une véritable foule d'acheteurs. À l'intérieur de la boutique de jeux vidéos EBGames, il était même difficile de circuler tant la clientèle était dense.

«Je ne m'attendais vraiment pas à ça, lance le gérant Frédéric Robert. Je pensais que je m'en venais faire mon inventaire tranquillement, mais ça n'a pas lâché. À un moment donné, il y avait tellement de clients qui attendaient pour payer que la file faisait presque le tour du magasin.»

Ce qui ajoutait à l'attente, c'est que M. Robert était seul avec une autre employée pour servir les clients alors que d'habitude, quatre employés sont sur place pour assurer le service.

«Les horaires étaient faits depuis longtemps quand on a appris la décision des Galeries. Dans les circonstances, deux employés, c'est le mieux qu'on pouvait faire», a-t-il expliqué.

Passer le temps

À leur sortie de la boutique de jeux électroniques, Daphné et Audrey Gélineau étaient tout sourire. Elles avaient enfin réussi à mettre la main sur le jeu Guitar Hero World Tour pour leur console WII.

«On ne pouvait plus attendre, blague Audrey, il nous le fallait aujourd'hui.»



«On est venus juste pour acheter ça et un IPod, ajoute leur mère Nathalie Choinière. Si les magasins avaient été fermés, on serait venus demain, tout simplement.»

La plupart des autres clients croisés hier n'étaient là que pour fouiner ou passer le temps.

«Je fais juste de petites commissions, dit Manon St-Onge de Granby, je n'ai pas prévu faire de gros achats. Si les magasins avaient été fermés, j'aurais fait autre chose.»

Pour les amies Mégane Fournier, Marie-Ève Fontaine et Marie-France Ladurantaye, l'ouverture du centre commercial hier était une véritable bénédiction, même si elles n'ont pas fait beaucoup d'achats.

«On est venus passer le temps», dit simplement l'une d'elle.

«C'est sûr que c'est plate pour ceux qui travaillent, mais on est bien contentes de pouvoir venir aujourd'hui», lance une autre.

«Sinon, on serait peut-être allés au cinéma», dit la troisième.

Autre combat

L'épisode de l'ouverture des magasins le 2 janvier maintenant terminé, les employés des Galeries de Granby entendent reprendre le combat contre la possibilité qu'une décision similaire soit prise par le gouvernement pour permettre l'ouverture des centres commerciaux le 1er juillet.

«J'espère vraiment qu'on ouvrira pas en plus le 1er juillet, reprend Élie Rivard. J'espère surtout qu'ils reviennent sur leur décision que ça redevienne comme avant le lendemain du jour de l'An.»



Mais à voir le nombre de clients sur place hier et le peu d'impact qu'a eu la pétition signée par de nombreux employés des Galeries, son souhait n'a que très peu de chances d'être exaucé.