Atteinte de la fibrose kystique depuis sa naissance, Véronique Ferland mène une vie normale jusqu'à l'âge de trente ans. Sa vie bascule en avril 2006, alors qu'elle subit quatre pneumothorax - une accumulation d'air entre le poumon et la plèvre qui l'empêche de respirer sans douleur - en autant de mois. Forcée de respirer avec une bonbonne d'oxygène, elle décide alors de se mettre en lice pour de nouveaux poumons.
Les 21 mois qui suivent sont parsemés d'épreuves. Ses proches mettent leur existence sur «pause» pour lui permettre de continuer à vivre. Hospitalisée à plusieurs reprises, ses trois enfants lui donnent de la motivation. «Je me suis dit que mes enfants ne pouvaient pas vivre sans moi, confie Mme Ferland. Je les ai mis au monde, je vais m'en occuper. Une fois, je crachais du sang. Il y en avait tellement dans mes poumons que j'avais l'impression de me noyer. J'ai pris la photo de mes enfants, je l'ai mise devant mes yeux et j'ai imaginé arrêter de saigner. Et ça a marché.»
La jeune mère est confinée à sa chambre d'hôpital à partir de fé- vrier 2008. Sa patience est enfin récompensée le 21 novembre 2008. «Les huit infirmières du département sont entrées dans ma chambre et elles ne parlaient pas. C'est là que j'ai compris que le jour que j'attendais depuis si longtemps était enfin arrivé, se remémore-t-elle, la gorge nouée par l'émotion. Une fois dans la salle d'opération, j'ai réalisé que c'était vrai et j'ai fondu en larmes... de joie!»
Des cadeaux aux poubelles
La chirurgie complexe s'est déroulée comme un charme, selon les dires de son médecin, Dr Pasquale Ferrara. Trois semaines plus tard, le 16 décembre, Véronique était sur ses pattes, devant l'hôpital, et profitait du grand air. Elle n'a pu voir ses enfants que la veille de Noël, parce que l'un d'entre eux avait le rhume.
Sa présence auprès de Camille, Amélie et Mathieu était une fête en soi. «J'avais commandé des cadeaux de Noël pour eux alors que j'attendais encore pour ma chirurgie à l'hôpital. Je n'avais pas eu le temps de les emballer et quand mes proches sont allés ramasser mes affaires dans ma chambre, ils ont jeté les cadeaux sans le savoir! Mais ce n'est pas grave, parce que mes enfants ont compris que le plus important, c'est d'être ensemble. Des cadeaux, on a toute la vie pour s'en offrir.»
Nouvelle vie, nouvelle vision
Véronique a hâte d'aller construire des cabanes dans la forêt et jouer dans la neige avec ses enfants. «D'ici deux à trois semaines, je crois que je serai prête à rentrer à la maison.» Elle séjourne présentement à la maison des greffés, à Montréal.
Son retour se fera avec une pensée pour son donneur. «La personne qui m'a donné ses poumons va toujours faire partie de moi, explique-t-elle. Je suis consciente que pendant que je célèbre la vie, sa famille vit un deuil.» Mme Ferland exhorte la population à suivre son exemple, en signant sa carte de don d'organe.
Après sa greffe de poumons, Véronique Ferland voit la vie d'un autre oeil. «Au lieu de prendre 30 pilules, j'en prends 52. Mais ce n'est pas grave car je suis en vie! J'ai compris qu'il ne faut pas courir après le bonheur, mais apprendre à apprécier celui qui est déjà autour de soi. De mon côté, je vis maintenant le moment présent. Dire qu'avant je me stressais pour mes factures de téléphone! C'est complètement futile pour moi aujourd'hui.» Une nouvelle vision qu'elle souhaite plus que jamais inculquer à ses enfants, dans sa nouvelle vie.