«Noël est une journée comme une autre, affirme le jeune homme de 28 ans. Ce sera sûrement une journée tranquille», ajoute-t-il sans hésitation.

Oui, il fêtera, mais modestement. Cette année, il fêtera avec les locataires de l'Auberge sous mon toit, l'organisme qui l'a accueilli à bras ouverts après qu'il ait dormi dans la rue. Les intervenants lui ont d'ailleurs confié la décoration du sapin de Noël. Un moment joyeux pour certains, mais plutôt nostalgique pour l'homme originaire de Thedford Mines.

«Ça me rappelle quand je décorais le sapin avec mes parents vers l'âge de 10 ou 11 ans. Ce sont des beaux souvenirs», se remémore le Granbyen d'adoption.

Dormir dehors

Une rupture amoureuse, un déménagement qui avorte et des miettes d'heures au travail ont été des événements qui ont fait basculer la vie de Steeve Brochu et qui l'ont conduit dans la rue, à l'automne. «J'étais pogné dehors au mois d'octobre. Je n'avais plus d'appartement. Je suis habitué de vivre en campagne, mais c'est la première fois que ça m'arrivait», dit-il.

Pendant plus de deux semaines, il a dormi dans un abri de fortune qu'il a fabriqué derrière l'entreprise alphonsoise où il travaillait. Ses boîtes et ses meubles faisaient office de murs pour son appartement au grand air.

Côté hygiène, il profitait de la générosité de ses amis de Farnham et Cowansville pour se doucher. Il s'y rendait en faisant du pouce, faute d'avoir un permis de conduire valide et une voiture. Sa première vraie maison a été celle de l'Auberge sous mon toit où il a résidé pendant deux mois avec d'autres hommes vivant des problèmes similaires aux siens.

Nouveau départ

Depuis plus de deux semaines, il vole à nouveau de ses propres ailes. Il s'est déniché un petit appartement au centre-ville de Granby. Pour l'instant, c'est tout ce qu'il peut se payer.

Une fois qu'il aura terminé les 200 heures de travaux communautaires qu'il doit faire pour rembourser des contraventions impayées, il a l'intention de se dénicher un nouveau boulot. Mécanicien de formation, il veut peut-être changer de branche pour devenir paysagiste.

Steeve Brochu a repris sa vie en main. En fait, il l'a fait pour offrir ce qu'il y a de mieux à sa fille âgée d'un an et demi. «Moi je suis capable de rester dehors, mais pas elle. Je ne veux pas qu'elle ait la vie que j'ai eue», dit-il avec conviction.

Des rêves, il en a plusieurs. Malgré ses déboires amoureux, il espère rencontrer une femme avec qui il va partager sa vie, une femme qui l'acceptera «comme je suis», dit-il. Et s'il gagne suffisamment d'argent, il aimerait s'acheter une maison pour y vivre avec sa fille.