«Il n'était pas dans son état normal»

«J'étais sûre qu'il tirerait. Il m'a demandé de me coucher par terre, je ne l'ai pas fait; il me l'a répété plusieurs fois et j'ai fini par me mettre à quatre pattes derrière le comptoir», raconte Brigitte Martin, propriétaire du dépanneur.

«Dans ma tête, j'étais morte... J'attendais qu'il tire.»


Brigitte Martin, propriétaire du Comptoir Boivin, résume ainsi ce qu'elle a ressenti lorsque son commerce a été victime d'un braquage jeudi soir. Ce cambriolage était le premier d'une série de délits commis par un individu armé, finalement arrêté vers minuit.

Il était 21h40 lorsque le voleur est entré au dépanneur situé à l'angle des rues Boivin et Saint-Antoine, à Granby. La tête couverte par un large capuchon, il ne dévoile pas son visage à Mme Martin, seule employée en poste à ce moment, et se dirige vers le fond de l'établissement. Il revient ensuite vers la caisse avec en main une boisson énergétique et, après avoir déposé le contenant sur le comptoir, il sort une arme à feu qu'il pointe vers la propriétaire.

 

«Je l'ai immédiatement reconnu, raconte Mme Martin. C'est un client que j'avais déjà vu auparavant, mais je voyais bien qu'il n'était pas dans son état normal. J'ai carrément figé.»

Glacée sur place, la victime ne répond d'abord pas aux demandes répétées du cambrioleur d'ouvrir le tiroir-caisse. Elle obtempère finalement et, en remettant à l'agresseur une à une les coupures qu'elle a sous la main, elle réussit à appuyer sur le bouton d'alarme situé près d'elle.

L'individu l'aperçoit faire ce geste et panique.

«Il m'a vue et il s'est mis à me crier des noms et à me demander pourquoi j'avais fait ça, reprend Brigitte Martin. Son état était tellement dépassé, ça n'avait pas d'allure. J'étais sûre qu'il tirerait. Il m'a demandé de me coucher par terre, je ne l'ai pas fait; il me l'a répété plusieurs fois et j'ai fini par me mettre à quatre pattes derrière le comptoir. C'est là que j'ai entendu la clochette de la porte et que j'ai su qu'il était parti.»

Immédiatement, la propriétaire sort à l'extérieur et alerte un passant, sachant que son agresseur était caché non loin de là. Les policiers sont arrivés peu de temps après et ont procédé à la cueillette d'indices et, en fin de soirée, à l'arrestation. Au total, 182 $ ont été dérobés.

Mme Martin avoue ne pas avoir véritablement tant paniqué pendant l'événement lui-même que pendant le processus qui s'en est suivi avec la police. Elle était déjà de retour au travail hier et paraissait somme toute assez calme, malgré l'épreuve qu'elle avait vécue quelques heures auparavant et le sommeil qui s'était fait rare. Elle concède néanmoins avoir connu un immense soulagement en apprenant que le suspect avait été intercepté.

«Moi, c'est mon gagne-pain ici, alors je n'ai pas le choix de faire en sorte que les choses reprennent leur cours, poursuit-elle. Peu importe le montant volé, c'est sûr que ça fait mal dans une petite place comme ici, surtout dans cette période de l'année où les ventes sont en baisse. Je pense que je n'aurais rien pu faire de plus pour me protéger. En tous cas, chose sûre, c'est toute une expérience!»