Les Produits forestiers St-Armand ont connu des jours meilleurs. Une centaine d'employés, divisés en deux quarts de travail, faisaient fonctionner la scierie en 2005. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une cinquantaine à travailler au moulin.
«On est en mode survie. On a coupé partout; ce n'est pas rose», lance sans détour Jean-David Alder, directeur de l'entreprise familiale du chemin Saint-Armand.
Le choc a été brutal. L'entreprise a vu 50 % de ses ventes s'évaporer rapidement avec la déconfiture du fabricant de meubles Shermag et de Goodfellow, une compagnie qui conçoit des planchers de bois franc et des revêtements de bois. La féroce concurrence asiatique les a toutes deux ébranlées.
C'est maintenant la récession aux États-Unis qui préoccupe la direction des Produits forestiers St-Armand. Sa production est vendue à des manufacturiers de la Montérégie et de l'Estrie. Ceux-ci l'utilisent pour fabriquer du plancher de bois franc, des armoires de cuisine, des moulures et des rampes d'escalier. Ces entreprises exportent une grande partie de leurs produits vers le marché américain. Or, en période de récession les mises en chantier de maisons sont en baisse, tout comme les investissements pour des travaux de rénovation.
La Scierie Nadeau d'Abercorn vit également des temps difficiles. Son moulin ne tourne pas tous les jours. La PME, qui fournit des produits à des fabricants de meubles et de planchers de bois franc de la région, a également hâte que le marché reprenne. «Les marges sont très minces», souligne Nicolas Nadeau, un des actionnaires.
Et «le pire est à venir», pense Richard Pépin, propriétaire de la Scierie Brigham. «On est très vulnérables», dit-il.
L'entreprise se spécialise dans le cèdre. Sa production est utilisée par des fabricants des meubles de patio et de gazebo. Cinq personnes travaillaient à cette micro-entreprise située le long de la route 104. Le contexte économique a fait en sorte que M. Pépin a dû les laisser aller.
Inventaire bas
Pour joindre les deux bouts, la Scierie Nadeau s'organise pour garder son inventaire bas. «Dès qu'on coupe, on essaie de livrer dans les jours suivants. C'est mieux comme ça parce que tu ne sais pas ce que le bois va valoir dans deux semaines. Ça fluctue», explique M. Nadeau, dont le nombre d'employés oscille entre cinq et dix personnes.
La direction revoit également son processus de vente. Parce qu'il est difficile voire impossible de négocier les prix, les dirigeants s'y prennent autrement; ils développent des relations d'affaires directement avec les manufacturiers. On élimine ainsi les intermédiaires qui prennent un pourcentage de la vente. «C'est la seule façon de passer à travers la crise» soutient M. Nadeau.
Les crises économiques sont parfois de bons moments pour les entreprises qui souhaitent moderniser leurs équipements. Elles peuvent se prévaloir de programmes d'aide financière. C'était le dessein de la Scierie Nadeau lorsqu'elle a cogné à la porte d'Investissement Québec. Malheureusement, l'organisme n'a pas appuyé le projet parce qu'il était trop... petit. «Les programmes sont faits pour aider les gros, pas les PME comme nous», soupire M. Nadeau.
Cycles économiques
Malgré ces difficultés, M. Alder est confiant. «Ce sont des cycles économiques. Il faut en tirer avantage et en ressortir plus fort», soutient le grand gaillard. «On travaille fort pour aller chercher de nouveaux marchés», ajoute-t-il.
Pour l'entreprise, les nouveaux marchés se trouvent de l'autre côté de l'Atlantique et du Pacifique. M. Alder a réussi à trouver quelques clients en Europe ainsi qu'en Israël. «Ce sont des marchés pour du bois de très grande qualité comme le chêne, l'érable, le merisier», note-t-il. La boîte achemine également des produits au Japon. Là aussi il existe un souci pour la qualité.
Par ailleurs, des discussions sont en cours avec des entreprises d'Europe de l'Est, la Pologne notamment, mentionne M. Alder. Ces manufacturiers ont besoin de planches de longueurs et de dimensions très précises, qui ne nécessitent aucune coupe. Du clé en main, en quelque sorte, illustre M. Alder.
Bûches écologiques
En plus de superviser le moulin, M. Alder passe également du temps à l'usine de bûches écologiques, attenante à la scierie. Les bûches écologiques, c'est le nouveau produit de la boîte qui a permis la création de cinq emplois. On y met beaucoup d'espoir. «C'est un marché qui se développe en raison des coûts énergétiques qui sont en hausse, l'électricité et l'huile à chauffage», dit M. Alder.