C'est sa gardienne, en effectuant sa tournée matinale, qui a fait la triste découverte: Mumba, le célèbre gorille du Zoo, s'est éteint hier, à l'âge de 48 ans, au terme d'une existence bien remplie.

Le Zoo de Granby est en deuil. Son plus vieux pensionnaire, le désormais célèbre gorille Mumba, a rejoint le paradis des gorilles, hier au petit matin. Une fois naturalisée, sa dépouille sera exposée au Musée canadien de la nature à Ottawa en tant que premier gorille mâle à être arrivé au Canada en 1961.


«Mumba va continuer à faire son travail d'ambassadeur. Il va continuer son travail d'éducation. C'est aussi à ça que ça sert, les zoos», se consolait hier Suzanne Poirier, gardienne du gorille des plaines et de ses congénères du Pavillon Afrika depuis 18 ans.

 



Selon les registres, Mumba était le deuxième mâle en captivité le plus âgé au monde. Il a célébré son 48e anniversaire de naissance en juillet dernier. En nature, l'espérance de vie des gorilles des plaines est de 35 à 40 ans. Son décès n'est donc pas une surprise, même si rien ne laissait présager un départ aussi rapide.

«On s'y attend. Mais on ne veut pas que ce soit ce matin, ni demain, ni un autre matin», a laissé tomber hier Mme Poirier. C'est elle, en effectuant sa visite matinale, qui a découvert le primate. Comme à son habitude, il était couché sur le côté. «Il avait l'air confortable. Mais d'habitude, il réagit quand on lui parle», dit-elle.

Le corps de Mumba était encore chaud, ce qui laisse croire que son décès ne remontait pas à plusieurs heures. Lundi soir, rien n'indiquait un malaise quelconque. Il avait avalé son repas, comme à l'habitude. «Il a quand même eu une belle mort, en dormant», dit Suzanne Poirier, qui, au fil des ans, s'était attachée à celui qu'elle surnommait affectueusement «Mum».

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Hier matin, sitôt sa dépouille découverte, le protocole prévu il y a quelques années pour cette circonstance s'est enclenché. Le corps massif de Mumba, de plus de 450 livres, a été transporté à l'hôpital vétérinaire du Zoo, où il a été conservé au frais. En début d'après-midi, il a pris la route de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Une autopsie sera pratiquée sur Mumba. Les causes exactes de son décès devraient être connues.

Des prélèvements seront également réalisés dans le cadre de différents projets de recherche. Déjà, au début des années 2000, le Zoo de Granby a prélevé des tissus et des cellules du gorille. Ils sont conservés dans l'azote. Qui sait, Mumba pourrait un jour être cloné. Mais ce n'est pas demain la veille.

«Les technologies ne permettent pas encore de cloner les grands primates», précise la directrice des communications du Zoo, Catherine Page.

Selon le directeur des soins animaliers, Alain Fafard, le matériel génétique de Mumba possède une très grande valeur scientifique car il permet d'établir des bases de données comparatives entre les gorilles nés en nature, comme Mumba, et ceux en captivité.

D'ailleurs, le Zoo de Granby a profité de la présence de Mumba durant près de 50 ans. Mais une fois son dernier soupir poussé, sa «valeur est plus grande pour un musée que pour nous», souligne M. Fafard.