Les éternels absents signalés à la DPJ?

Diane Gagné, Pierre-Yves Gagné et Linda Foisy croient que l'école secondaire J.-H.-Leclerc va trop loin en les menaçant d'effectuer un signalement à la DPJ.

Un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Voilà de quoi sont menacés les parents qui refusent que leur enfant assiste au cours d'éthique et culture religieuse.


Julie Clément n'en revenait pas, vendredi, en lisant une lettre que lui a adressée Paul André Boudreau, directeur de l'école secondaire Paul-Germain-Ostiguy à Saint-Césaire.

 



«(...) Si votre enfant persiste à ne pas assister au cours d'éthique et culture religieuse, je devrai signaler son absence à la DPJ avec les conséquences qui en découleront», écrit-il.

«C'est un signe d'intimidation. On embarque dans les menaces, c'est insensé, lance Mme Clément. Je suis étonnée, je m'attendais à ce qu'on me parle d'abord d'une retenue.»

À l'école secondaire J.-H.-Leclerc de Granby, sept familles ont reçu une lettre de trois pages. La directrice, Liette Béchard, rappelle le code de vie de l'école. Celui-ci prévoit qu'après une douzième période manquée, un signalement doit être fait à la DPJ.

Les parents ne croient pas que cette menace ultime puisse être mise à exécution. «Si on me menace avec la DPJ, je vais en rire, mentionne Denise Bombardier, mère d'un jeune en quatrième secondaire. Pourquoi la DPJ viendrait-elle s'occuper de mon fils alors qu'elle est déjà débordée?»



«Si c'est vrai cette menace, la DPJ viendra à la maison et on discutera en prenant un café», lance Diane Gagné.

La menace de DPJ n'est pas ce qui choque le plus cette mère, dont le fils étudie en 4e secondaire. «La directrice a rencontré mon fils sans que je sois là, soutient Diane Gagné. Ça lui a fait peur. Il ne veut pas se faire sortir de l'école.»

Linda Foisy reproche aussi à la directrice d'avoir intimidé ses jumeaux qui sont en 4e secondaire. «Moi et mon conjoint avons écrit à la directrice pour lui dire que c'est à nous qu'elle devait s'adresser, note Mme Foisy. C'était de l'intimidation de rencontrer mes fils.»

Sylvain Lamontagne, instigateur du mouvement de boycott du cours d'éthique et culture religieuse à Valcourt, serait étonné que les écoles appellent la DPJ. «C'est sûr que juste de dire ce genre de chose, c'est grave, considère-t-il. Mais il n'y a pas de danger avec ça. Les écoles rendraient même service à notre cause en appliquant leur menace. Elles montreraient comment leur démarche est stupide.»

Ces tentatives d'intimidation ne visent qu'à effrayer les parents, selon Sylvain Lamontagne. Certains ont abandonné la bataille, trop inquiets des représailles. «C'est un jeu de patience, lance-t-il. Le plus patient des deux va gagner.»

Sandra Thibodeau, agente de communication à la commission scolaire du Val-des-Cerfs, admet qu'un signalement à la DPJ n'est peut-être pas approprié. «On sait que nous ne sommes pas devant des cas de négligence parentale, dit-elle. On n'en est même pas encore à des suspensions.»



À quoi doivent s'attendre les parents? «Je ne suis pas en mesure de dire quelle est la suite des choses, répond Mme Thibodeau. Il est trop tôt pour dire quelles seront les sanctions.»

La commission scolaire du Val-des-Cerfs espère que la Cour supérieure lui donnera une piste de solution. La Coalition pour la liberté (CLE) en éducation poursuit la commission scolaire des Chênes de Drummondville. La CLE réclame le droit que ses enfants soient exemptés du cours d'éthique et culture religieuse. Le juge Jean-Guy Dubois déterminera, le 6 novembre au palais de justice de Drummondville, quand la cause sera entendue.