Les dirigeants syndicaux étaient furieux hier au terme d'une brève rencontre à Montréal avec les représentants de l'entreprise dans des bureaux du ministère du Travail. Le face-à-face n'a duré que quelques minutes. «Ils n'ont même pas voulu entendre ce qu'on avait à leur offrir. Il fallait en premier lieu leur dire qu'on concédait 15 % sur les salaires», a déploré Gaétan Desnoyers, conseiller syndical au Conseil du Québec Unite Here, affilié à la FTQ.
M. Desnoyers bouillait encore lorsque joint en fin d'après-midi. Il a l'impression d'avoir perdu son temps. Les membres de l'exécutif syndical, a-t-il dit, ont travaillé d'arrache-pied lors des deux dernières semaines pour formuler une contre-offre et tenter ainsi un effort ultime pour sauver l'usine.
La contre-offre fait suite à ce que M. Desnoyers décrit comme une demande informelle de la direction de Beaulieu Canada. «Ça fait quelques semaines que des cadres dans l'usine disent à nos membres que la balle est dans leur camp. Qu'ils attendent que le syndicat fasse une offre. C'est ce qu'on a fait», soutient le syndicaliste.
M. Desnoyers s'est dit surpris que le président de Beaulieu Canada, Karel Vercruisen, n'ait pas assisté en personne à la rencontre. «Ça en dit long sur leur intérêt à sauver l'usine. Ils auraient pu nous dire tout simplement la semaine dernière qu'ils n'étaient pas intéressés. On ne se serait pas déplacés pour rien. C'est enrageant», pestait le syndicaliste.
Concessions
La contre-offre du syndicat comprenait des concessions sur le mouvement de personnel et les horaires de travail. Des concessions pécuniaires étaient également incluses. M. Desnoyers n'a pas voulu être plus précis sur ce dernier point. Il a simplement noté que cet aspect ne comprenait pas seulement les salaires, mais aussi les vacances et les jours fériés.
Ces concessions, estime M. Desnoyers, auraient aidé Beaulieu Canada à raffermir sa situation financière. «On pense que l'employeur y aurait trouvé son compte.»
Le 15 septembre, les employés ont rejeté à 73 % l'offre patronale. Une baisse des salaires de 15 % était le point central de cette proposition. Un mois plus tôt, c'est dans une proportion de 91 % que les employés avaient dit non. L'exigence de l'entreprise était alors une baisse des salaires de 20 %.
Le vice-président finances de Beaulieu Canada, Benoit Leclaire, n'a pas donné suite hier à notre appel