Jeudi noir à Bedford

Les 140 employés d'Exeltor ont reçu tout un choc hier, en apprenant la fermeture immédiate et définitive de leur usine de Bedford.

Les 140 employés d'Exeltor ont eu tout un choc hier, en apprenant la fermeture immédiate et définitive de leur usine de Bedford.


C'est le vice-président du groupe allemand Groz-Beckert, propriétaire de l'entreprise, qui en a fait l'annonce aux employés en début d'après-midi. Venu expressément d'Allemagne, Hans-Jurgen Haug a fait savoir aux salariés qu'en raison des difficultés que connaît l'industrie mondiale du textile, la demande pour les aiguilles à tricoter industrielles produites par Exeltor avait fortement chuté.

 



«La production de l'usine de Bedford ne déménage pas ailleurs, assure Frédéric Tremblay, porte-parole de l'entreprise. Les ventes d'Exeltor étaient en constante baisse depuis un moment et Groz-Beckert a décidé de réduire son offre et ses dépenses en fermant la seule usine du groupe au Canada.»

Comme l'usine de Bedford était la plus petite du groupe, c'est elle qui a fait les frais de cet effondrement du marché. Aucun sursis n'a été accordé aux employés.

«Ils ont tout de même droit à des primes de départ suivant les dispositions de leur convention collective, rappelle M. Tremblay. Ils auront aussi droit à un programme d'aide pour se retrouver du travail.»

Sous le choc



Quelques heures après avoir appris la nouvelle, les employés de l'usine étaient toujours «sous le choc.

«C'est très difficile à prendre, raconte l'un d'eux, préférant taire son nom. Comment pensez-vous qu'on se sent quand on perd sa job après 25 ans de service? Y'a ben des gars qui ont plus de 50 ans qui ne retrouveront jamais un aussi bon travail et qui vont tout perdre... On savait que ça allait mal, mais pas au point de fermer.»

De son côté, l'exécutif syndical a préféré n'émettre aucun commentaire.

«On entendait souvent parler que ça allait mal, mais on ne s'attendait pas à ce qu'ils ferment l'usine comme ça», a simplement déclaré le président du syndicat, Daniel Lapointe.

Rencontrés au centre-ville de la petite municipalité de 2700 résidants, certains citoyens voyaient l'avenir de leur communauté avec pessimisme.

«Aujourd'hui, c'est Exeltor qui ferme. La semaine prochaine, ce sera une autre entreprise, croit Louise Rocheleau qui a elle-même travaillé chez Exeltor dans le passé. C'est sûr que c'est triste pour les gens qui perdent leur emploi, mais personne n'est surpris. Ça fait des années que cette entreprise est en difficulté.»



Dur coup

Véritable institution à Bedford, où il était établi depuis 1884, Exeltor était le troisième plus gros employeur de la ville. La perte d'autant d'emplois spécialisés et aussi bien rémunérés, 44 000 $ par an en moyenne, risque d'ébranler l'économie de la petite municipalité.

«Autant de pertes d'emploi, c'est un dur coup pour tout le monde, souligne le maire de Bedford, Claude Dubois. Je pensais que les choses s'étaient replacées pour Exeltor. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils ferment l'usine comme ça.»

M. Dubois ne croit pas que l'avenir économique de sa localité soit en péril, mais il admet que les commerces de la région risquent d'en être ébranlés.

«Les employés d'Exeltor ne restaient pas tous à Bedford, dit-il, mais ils dépensaient quand même beaucoup d'argent ici.»

Le magistrat compte rencontrer le représentant de Groz-Beckert aujourd'hui pour en savoir plus.

«Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini, soutient M. Dubois. On verra ce qu'on peut faire pour sauver ces emplois.»